Violaine LLAURENSEcologie
Institut de systématique, évolution, biodiversité (Isyeb, CNRS/MNHN/EPHE - PSL/Sorbonne Université)
Violaine Llaurens a soutenu sa thèse sur la mise en évidence des régimes de sélection permettant le maintien des variations au sein du système d’auto-incompatibilité chez les plantes, à l’université de Lille en 2007, sous la direction du professeur Xavier Vekemans.
Elle a effectué un premier postdoctorat à l’université de Montpellier sur les mécanismes à l’origine de la sélection balancée agissant sur la latéralité manuelle chez les humains. Elle a ensuite rejoint l’université de Hull au Royaume-Uni grâce à une bourse Marie Curie portant sur les effets du fardeau génétique sur le maintien de la variation du complexe majeur d’histocompatibilité chez le poisson.
Recrutée au CNRS en tant que chargée de recherche en 2011, elle a continué ses recherches sur les régimes de sélection promouvant le polymorphisme au sein des populations naturelles, notamment à travers l’exemple des motifs de coloration mimétiques chez les papillons de jour. Ses recherches actuelles sur l’évolution chez les papillons de jour combinent la génomique des populations, l’expérimentation sur le terrain et la modélisation afin de comprendre les facteurs évolutifs à l’origine des variations de phénotypes au sein et entre espèces.
OUTOFTHEBLUE – Evolutionary feedback between traits and species diversification: convergence and divergence in sympatric butterflies of the Amazonian rainforest
Ce projet de recherche a pour but de relier les échelles micro et macro-évolutives en étudiant les interactions entre la diversification des traits et celle des espèces. Pour établir des ponts entre ces deux échelles, le projet se concentre ainsi sur la diversification des espèces en sympatrie. En effet, lorsque des espèces phylogénétiquement proches vivent dans les mêmes environnements, elles présentent fréquemment des séries de traits bien différents, permettant leur spécialisation dans des niches écologiques distinctes. Comment les interactions écologiques entre espèces induisent l’évolution de syndromes adaptatifs divergents ? Et à l’inverse, comment la divergence phénotypique permet l’adaptation à de nouvelles niches et promeut ainsi la spéciation ?
Le projet se basera sur la diversification au sein du genre de papillons néotropicaux Morpho, dans lequel de nombreux traits morphologiques et comportementaux diffèrent entre espèces sympatriques, distinguant notamment les espèces trouvées dans le sous-bois de celles observées dans la canopée. Au sein même du micro-habitat de sous-bois, des variations géographiques parallèles des motifs de couleur des ailes ont été observées. Ces convergences répétées des motifs bleus iridescent des ailes, générant un effet visuel déroutant au cours du vol, pourraient avoir favorisées par un avantage dans l’échappement aux prédateurs chez ces papillons. Ce mimétisme d’échappement pourrait néanmoins induire de fortes interférences reproductives entre espèces, favorisant la ségrégation temporelle des activités journalières entre espèces sympatriques et contribuant ainsi à la spéciation. Ce projet combinera (1) la caractérisation fine des variations d’iridescence et de comportement de vol (2) l’estimation des forces sélectives agissant sur l’évolution des motifs par des expériences comportementales sur le terrain (3) la reconstruction de l’histoire des populations et des espèces du genre Morpho par la génomique des populations et (4) la modélisation mathématique de l’effet de la ségrégation temporelle sur la spéciation.
En étudiant les variations de traits au sein et entre espèces sœur vivant en sympatrie, ce projet a pour ambition de reconstituer les étapes évolutives aboutissant à l’émergence de séries de traits permettant la spécialisation écologique et la spéciation.