Nébéwia GRIFFETEChimie
Depuis 2013, je suis enseignante-chercheuse en chimie à Sorbonne Université au laboratoire Physicochimie des électrolytes et nanosystèmes interfaciaux (Phenix, CNRS/Sorbonne université) où j’ai mis en place un nouvel axe de recherche sur les polymères à empreintes moléculaires (MIPs). Après un doctorat au laboratoire Interfaces traitements organisation et dynamique des systèmes (Itodys) de l’université Paris-Cité en 2011, j’ai réalisé deux stages postdoctoraux : à l’Adolphe Merckle Institute à Fribourg et au laboratoire Matière molle et chimie à l’ESPCI – PSL. Je me suis d’abord focalisée sur le développement de capteurs optiques permettant la détection de polluants dans l’eau en utilisant les MIPs qui ont la capacité de reconnaître de façon très sélective et spécifique la molécule dont on a fait l’empreinte.
J’ai ensuite couplé ces polymères à des nanoparticules magnétiques dans le but de dépolluer l’eau en utilisant les propriétés de reconnaissance des MIPs et la possibilité de récupérer les objets magnétiques en utilisant un aimant. Par ailleurs, je m’intéresse au développement de MIPs magnétiques pour la thérapie du cancer. Cette thématique que je porte a nécessité que je me forme en culture cellulaires, le laboratoire Phenix s’étant équipé d’un laboratoire de culture cellulaire. Ces recherches en cancer m’ont amené à collaborer avec des chercheurs tels que Christine Ménager (Phenix), Elias Fattal (Institut Gallien), Claire Wilhelm (Institut Curie) ou encore Michèle Sabbah (Centre de Recherche Saint Antoine).
Projet "MAGMIP"
Bien que la chimiothérapie puisse éliminer la majeure partie des cellules tumorales, elle ne parvient pas à éliminer une petite population de cellules qui devient la principale cause de résistance au traitement et récidive. Il est donc plus que nécessaire de développer des approches permettant l’éradication totale de ces petites sous populations. L'objectif du projet MAGMIP (MAGnetic Molecularly Imprinted Polymer) est de proposer un nouveau concept de ciblage de ces cellules et de délivrance contrôlé de médicaments en tirant parti des propriétés de reconnaissance des MIPs et des propriétés d’échauffement des nanoparticules magnétiques sous champ magnétique alternatif.
Ce projet très appliqué nécessite une étude fondamentale poussée du matériau hybride développé : choix des monomères pour diminuer la toxicité des matériaux, étude de la stabilité des matériaux dans des milieux complexes, étude de la dégradation du matériau dans des sphéroïdes (amas cellulaires qui miment les tissus). Une fois le matériau magnétique développé, sa capacité de ciblage d’une part et de relargage sous AMF d’autre part sera testée in cellulo pour finalement tester le matériau pour le ciblage et le relargage.
Ce projet interdisciplinaire impactera plusieurs domaines de recherche, depuis la chimie à la biologie jusqu’à la médecine de précision.