© Sabrina Nehmar

Céline SPECTORPhilosophe

Médaille d’argent du CNRS

Professeure de philosophie politique à Sorbonne Université, membre du laboratoire Sciences, Normes et Démocratie (SND, CNRS / Sorbonne Université), Céline Spector est une spécialiste de la philosophie des Lumières et de son héritage contemporain.

À un peu plus de 18 ans, Céline Spector intègre l’École normale supérieure. Elle mène alors de concert une licence d’histoire et une maîtrise de philosophie et obtient l’agrégation de philosophie à peine trois ans plus tard. Lors d’une année en programme d’échange en Californie, à l’université de Stanford, elle profite d’une salutaire « relâche » pour rédiger son premier ouvrage consacré aux Lettres persanes de Montesquieu, son auteur de prédilection. Dans le cadre de sa thèse, soutenue en 2000, elle se plonge ensuite dans les rapports entre économie et politique dans l’œuvre de ce dernier, alors largement inexplorée.

Après un contrat doctoral et une mission d’enseignement de trois ans à l’université de Nanterre, elle est recrutée à l’université de Bordeaux 3, « dans un département de philosophie désireux d’avoir dans son corps professoral une maîtresse de conférences capable d’enseigner sur Montesquieu, l’une des plus illustres figures de la région ! », souligne Céline Spector. Lauréate de l’Institut universitaire de France de 2007 à 2012, elle enseigne ensuite dans d’autres universités françaises et étrangères, comme Chicago et effectue des séjours de recherche, à l’institut Zimbunken à Kyoto notamment. « Ces séjours ont été de véritables sources d’inspiration : aux États-Unis comme au Japon et plus récemment au Brésil, j’ai découvert des communautés de chercheurs travaillant sur les auteurs français qui, parfois, sont dans l’angle mort en France », ajoute-t-elle.

En 2016, Céline Spector entre comme professeure à Sorbonne Université — « une importante rupture » pour la philosophe — où elle a contribué à mettre en place le Pôle « Europe des Lumières » qui fédère désormais les études dix-huitiémistes. Dans le sillage de ses travaux sur l’héritage des Lumières, elle aborde aujourd’hui des questions philosophiques actuelles, relatives à la souveraineté, à la démocratie et à la justice sociale en Europe. « À l’issue des débats préparatoires au référendum de 2005, j’ai entamé cette "conversion" vers les thématiques européennes plus contemporaines, liées à nos inquiétudes sur le destin de la démocratie en Europe », appuie-t-elle.