Un virus utilisé par une guêpe parasite a colonisé tous ses chromosomes

Résultat scientifique Ecologie et environnement

Les guêpes parasites Cotesia se développent à l’intérieur du corps de chenilles. Lors de la ponte de leurs œufs, elles injectent des particules produites grâce à un virus, intégré dans leur génome depuis 100 millions d’années. Le génome de Cotesia vient d’être assemblé à l’échelle des chromosomes. L’étude a permis de dresser pour la première fois une carte complète de l’organisation des gènes viraux dans le génome d’une guêpe parasite. Elle révèle que le génome viral s’est considérablement étendu jusqu’à coloniser tous les chromosomes de la guêpe. Dans le cadre de cette dispersion, une partie des gènes viraux reste néanmoins concentrée dans des régions spécialisées du génome, l’une d’elles représentant la majeure partie du bras court d’un chromosome. Ces résultats, parus dans Communications Biology, suggèrent que l’évolution d’un virus intégré dans un génome eucaryote est totalement différente lorsqu’il est utile à l’organisme qui le porte. En effet, les innombrables virus intégrés qui constellent les génomes sont considérés comme des vestiges d’infections anciennes voués à un lent déclin, n’apportant qu’en de rares cas une protection contre d’autres infections. Le virus de Cotesia se distingue par le fait qu’il est absolument nécessaire à la réussite du parasitisme. En effet, il introduit des gènes induisant une immunosuppression chez la chenille qui empêche la destruction des œufs de la guêpe, puis une manipulation complexe de la physiologie de l’hôte au bénéfice du parasite. Ceci explique sans doute son expansion exceptionnelle dans le génome de la guêpe. Des chercheurs de l’Institut de recherche sur la biologie de l'insecte (IRBI – CNRS / Université de Tours), le laboratoire Génétique des génomes (CNRS / Institut Pasteur), l’Institut d'écologie et des sciences de l'environnement de Paris (iEES – CNRS / Sorbonne Université / Univ. Paris-Est Créteil Val-de-Marne / INRAE / IRD), le laboratoire Génomique Métabolique (GM – CNRS / Université Evry-Val-d’Essonne / CEA), le laboratoire de biométrie et biologie évolutive (LBBE – CNRS / Université Claude Bernard / Vetagro Sup), et le laboratoire Évolution, génomes, comportement et écologie (EGCE – CNRS / IRD / Université Paris-Saclay) ont contribué à ces travaux.

Lire l'actualité sur le site de l'Inee

Laboratoire de la circonscription Paris-Centre impliqué dans cette étude

Contact

Jean-Michel DREZEN
Institut de recherche sur la biologie de l'insecte (IRBI – CNRS / Université de Tours)