La Joconde fait de l’œil aux chimistes
Le mystère de La Joconde ne réside pas tant dans son sourire que dans les techniques picturales utilisées par Léonard de Vinci. Artiste, ingénieur et architecte, il était aussi chimiste expérimentateur, et La Joconde était un véritable laboratoire ! C’est ce que démontre une équipe1 dirigée par des scientifiques du CNRS, impliquant tout particulièrement le Synchrotron européen de Grenoble (ESRF), le musée du Louvre et le ministère de la Culture. Cette collaboration a étudié un microéchantillon exceptionnel de la sous-couche de préparation du chef d’œuvre. Leurs observations, menées à l’échelle microscopique à l’aide du rayonnement synchrotron, révèlent un mélange singulier d'huile au plomb, très différent en composition de ceux habituellement observés dans les peintures à l’huile de cette époque. La présence d’un composé rare et instable, la plumbonacrite, également retrouvé sur des fragments de La Cène, chef d’œuvre de la peinture murale de Léonard de Vinci, suggère une volonté d’innover dans la préparation de sous-couches de peinture épaisses et opaques en traitant l'huile avec une forte charge d'oxyde de plomb. Si l’examen des manuscrits de l’artiste suggérait ces pratiques avec des informations ambiguës, l’étude à paraître dans JACS le 11 octobre 2023 apporte de nouveaux éléments clés pour comprendre ses recettes et l’évolution de ses peintures dans le temps.
Laboratoires de la circonscription Paris-Centre impliqué dans cette étude :
- Institut de recherche de Chimie Paris (IRCP, CNRS/Chimie ParisTech - PSL)
- Laboratoire d'archéologie moléculaire et structurale (LAMS, CNRS/SORBONNE UNIV)